Avertissement : Voilà ce que j'écrivais fin 2012... Si "Lou Deven", qui est ou plutôt qui était bel et bien une bastide, devrait en dépit des énormes dégradations subies finalement être remployé dans le cadre de l'implantation d'un tour opérateur aixois à la Constance, l'expo Camus aura tourné court et on continue à donner des noms de ronds-points aixois à des tortionnaires qui ont attaqué, armes à la main la Démocratie et la république. Dernier en date Hélie Denoix de Saint Marc fin 2019 ! La vigilance face aux violences d'extrême droite reste toujours d'actualité !
Cézanne, Camus réveillez-vous ils sont devenus fous !
Cézanne sur le chemin de Valcros qui reliait la demeure familiale du Jas de Bouffan à la bastide de Bellevue où résidait sa sœur aimait poser ses chevalets à proximité de « Lou Deven ». Dans ce magnifique cadre, Cézanne pouvait admirer et peindre cette bastide tout à fait originale. Avec sa grande calade, ses tourelles, son « chapeau chinois » cette maison ne laisse pas indifférent. Cézanne, qui en fit le sujet d’une de ses aquarelles, ne s’y est pas trompé. Acquise par Joseph Milon, aquarelliste provençal de très bonne facture, cette demeure est aussi connue sous le nom de « bastide MILON ».
Les « Cézanne » sont devenus célèbres : Le grand pin, les baigneuses, un très grand nombre de Sainte Victoire et tant d’autres font la renommée des plus grands musées mondiaux. Combien ont été imaginés ou peints depuis « Lou Deven » ? Situé en hauteur, à 350 mètres de la fondation Vasatély, la vue sur la Sainte Victoire y est à couper le souffle.
Picasso, grand amateur d’art et collectionner qui vouait une admiration sans limite au maître aixois, ne se risquera jamais, sinon de façon volontairement détournée et figurative, à peindre « la montagne de Monsieur Cézanne ». Mais pour se rapprocher de lui, il achètera, avec le château de Vauvenargues dans lequel il repose quelque 100 hectares de cette montagne. Il possédait ainsi ce qu’il nomma « l’original de Cézanne ».
Hélas nul n’est prophète en son pays et en son temps ! Bien des aixois étaient totalement étrangers à ce « culte » voué au génie de Cézanne. Ainsi le sculpteur Henri Pontier, conservateur en chef du musée Granet jusqu’en 1925, déclarait alors « Moi vivant, aucune œuvre de Cézanne n'entrera dans nos collections ! ». On mesure avec effroi et on déplore chaque jour le résultat d’une telle idiotie. Pour faire court on peut dire que les tableaux de Cézanne sont partout sauf à Aix-en-Provence. Belle ingratitude quand on sait que Cézanne déclarait au cours de ses voyages à propos d’Aix « Quand on est né là-bas, c'est foutu, rien ne vous dit plus ». Il sera bien mal récompensé.
Hélas aussi, Henri Pontier a trouvé, en la personne de notre premier magistrat, le digne successeur de cet insupportable obscurantisme culturel !
Après avoir refusé une indispensable et salutaire fusion des Universités, avoir assuré une fausse- vraie entrée dans Marseille-Provence 2013, les rumeurs d’une fausse-vraie sortie ne cessent d’enfler en ville, Maryse JOISSAINS vient de porter un rude coup au génie de Camus et fait, dans le même temps, courir un risque considérable au patrimoine Cézannien. La méthode dans les deux cas est plus qu’insidieuse. Pas d’affrontement frontal sur ces terrains.
C’est la structure Marseille 2013 qui a retiré le commissariat de l’exposition Camus à Benjamin STORA. Si la bastide « Lou Deven » menace ruine c’est parce qu’elle a été squatté par de « méchants Roms » qui ont tout détruit. Madame le Maire ne peut que constater cet état de fait qu’aurai attesté la SOCOTEC.
La vérité est toute autre. C’est au cœur de la campagne électorale des législatives que s’est noué le débarquement de STORA accusé, tout comme Camus, d’être pro FLN. Car le Maire pratique la sélectivité des mémoires. Elle ne pouvait avoir le soutien des nostalgiques radicaux de l’Algérie Française et laisser assurer la promotion de l’œuvre de Camus, pourtant prix Nobel de littérature, par celui qui était dénoncé par certains de ses supporters comme un « fellaga avéré ».
Le sort de la Bastide Milon s’est en réalité joué en plusieurs temps. En 2010 la ville rachète ce patrimoine au petit fils de l’artiste. A priori on pouvait penser qu’elle achetait ce bien pour le mettre en valeur. Elle en chasse le gardien qui grand amateur de Cézanne créera une association pour tenter de sauver le site, et met prétendument le bâtiment en sécurité. Réaction immédiate plusieurs lettres parviennent au Maire pour signifier que dans ce lieu isolé les parpaings et les barres ne résisteraient pas à la volonté des squatters.
Soyons clairs ceux qui ont cassé les murs, troué les planchers et se sont appropriés la Bastide n’ont rien à voir avec les pauvres bougres qui trouvent refuge sur des délaissés d’autoroute ou des terrains dont l’accès n’est en rien sécurisé. Du reste la police suivait de près ces individus et avait alerté la Mairie de leur dangerosité avérée. Enfin pour être complet précisons que les associations de défense des droits de l’homme n’assuraient aucun suivi du site de « Lou Deven ».
En Mars 2011 la majorité Municipale adopte une délibération qui fait état de la démolition programmée de la « propriété MILLON ». A plusieurs reprises, Madame le Maire, précise, en séance, que la « Bastide n’est pas concernée par cette délibération ». La démolition ne devait porter, nous explique t’on la main sur le cœur, que sur les appentis effectivement disgracieux qui lui avaient été postérieurement adossés. Au cours de la discussion il est fait état du piteux état dans lequel elle se trouve et d’une occupation illicite des lieux. Le Maire concluant ainsi la discussion : « la conservation de la bastide. On est d’accord ». Les propos cités sont extraits du compte rendu officiel du conseil municipal remis à tous les élus.
25 Septembre 2012 : la Police constate que les occupants ont quitté les lieux avant que la procédure d’expulsion, lancée à leur encontre, ne vienne à échéance. Les pelleteuses entrent alors en action pour déblayer plus d’un an de détritus laissés par les occupants. Nous retrouvons une bastide certes très dégradée mais en encore debout et nous apprenons contrairement à la parole donnée que c’est tout le bâtiment qui va être détruit. Le tout attesté par Maryse JOISSAINS en opposition totale avec ses déclarations de Mars 2011. La Mairie se base sur un rapport de la Socotec et déclare qu’il faudrait 10 millions d’Euros pour la réhabiliter. Dans la foulée l’adjoint à l’urbanisme signe l’arrêté de démolition. Demeurent de nombreuses questions :
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Pourquoi avoir acheté un bien, et donc investi l’argent des aixois, pour le laisser, en dépit des alertes, se dégrader et finalement vouloir le raser ? Ce laissé aller a duré 20 longs mois, au cours desquels la situation n’a cessé de se détériorer.
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Pourquoi le rapport de la Socotec, au terme duquel la bastide est jugée dangereuse, n’est il pas rendu public ? Rappelons que l’édifice, dont on trouve trace dès le 18ème siècle, a résisté au tremblement de terre meurtrier de 1909, prouvant par là la solidité de son bâti.
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Maryse JOISSAINS ignore t’elle que le permis de démolition doit être approuvé par l’Architecte des Bâtiments de France car la Bastide se trouve à moins de 500 mètres de la fondation Vasarély ?
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Pourquoi, eu égard au faible nombre de « Cézanne » à Aix, ne pas valoriser comme cela a été fait pour l’Atelier Cézanne, qui remporte aujourd’hui un succès considérable, les sites et les bastides cézanniens, les « originaux » ? Rappelons que l’Atelier Cézanne a été sauvé, de justesse, grâce à l’action du Felibre Marcel Provence qui est allé chercher le mécénat de Jonh Rewald, dont le choix a été de reposer en terre aixoise aux côtés de Cézanne. Il a attiré de 2006 à 2011 un demi-million de visiteurs.
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Pourquoi, vu la renommée mondiale de Cézanne, ne pas lancer une souscription internationale pour réhabiliter la bastide et le site sans que cela ne coûte aux contribuables aixois ?
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Pourquoi ne pas lui laisser une chance ?
En fait cette propriété à surtout le tort de se trouver sur le périmètre de la ZAC de la Constance également lancée en Mars 2011.
En jeu 100 hectares de terres encore vierges de toute urbanisation. A toute proximité d’une autoroute qui balafre affreusement la ville, coupe le chemin de Valcros et génuère bruits et pollutions graves, cette ZAC relève, dans une logique extensive des années d’avant crises, de la plus pure logique d’étalement..
Cette mairie qui tourne résolument le dos à un indispensable processus de renouvellement urbain, à faire de la ville sur la ville à recoudre les quartiers d’Aix séparés par deux autoroutes n’en finit plus de consommer de l’espace. Créée au détriment des trames vertes et bleues, en dépit des terres agricoles porteuses de bio et de circuits courts, en reniement de la richesse patrimoniale et cézannienne, de ces sites, cette ZAC va amener des nouvelles routes dans une des villes les plus polluées d’Europe et éloigner un peu plus les habitants du centre de leur ville. Comme pour la Duranne, nous sommes loin des logiques d’éco quartier honteusement mises en avant. Sur ce dernier point la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) a demandé à la ville de revoir sa copie.
Pourtant les citoyens ne se résignent pas. Sur Internet des pétitions circulent, sur l’exposition CAMUS, pour réclamer le retour de Benjamin STORA. Pour « Lou Deven », comme pour la bastide Milhaud au bas du cours Sextius, arrachée de justesse aux griffes des pelleteuses, une bataille citoyenne et juridique s’engage aussi. Les vrais amoureux de cette ville de sa culture, son histoire vont se mobiliser. Nous en avons assez de voir la ville sacrifier son patrimoine, également patrimoine mondial de l'humanité, et ce qu’il soit matériel ou immatériel !
AQUESTA COP N’IA PRON, GARDAREM « LOU DEVEN » ! TROP C’EST TROP SAUVONS LA BASTIDE MILON !
Hervé GUERRERA
Conseiller Municipal d’Opposition d’Aix-en-Provence - Conseiller Régional
Partit Occitan
06 87 42 62 96
Photo Thomas METZGER
