CESSION ANCIEN COLLÈGE DES PRECHEURS (juin 2019)

CONSEIL MUNICIPAL D’Aix-en-Provence - Du Vendredi 28 Juin 2019 - Délibération 4.10 - CESSION ANCIEN COLLÈGE DES PRECHEURS: DÉTERMINATION DES CONDITIONS DE LA PROMESSE DE VENTE
Pour mieux comprendre le contexte de cette il nous faut, très rapidement, revenir sur les étapes de la cession de l’Hôtel de Caumont attribué, aux termes d’une vente elle publique, pour 10 Millions d’Euros à CULTURE ESPACES. Dans la délibération du 15/11/2010 est précisé : « CULTURE ESPACES propose de restituer la beauté, l’atmosphère et l’histoire de l’Hôtel de Caumont, par une rénovation et un aménagement de l’hôtel et de ses jardins dont le coût est estimé à 4 M€. ».
Ces sommes seront en partie couvertes par un marché public de la ville, lancé en distorsion de la mise en concurrence de la vente publique de l’Hôtel et en contradiction avec la délibération suscitée qui précisait qu’entre la signature du compromis et la signature de l’acte authentique de vente l’hôtel serait géré en « bon père de famille, de sorte que le bien soit conservé dans le même état qu’aujourd’hui. » nous étions, je le rappelle, en 2010.
Il faut également noter que ce marché public de restauration, qui portait sur les façades, les ferronneries, la menuiserie, initialement estimé à un peu moins d’un million d’Euros atteindra finalement 1,7 million d’Euros. Un marché qu’épinglait par la Chambre régionale des Comptes qui considérât que ces sommes correspondaient à une avance de trésorerie et qu'il s'agissait pour l'acquéreur de s'assurer « l'obtention indirecte de subventions ». Culturespaces bénéficiait de travaux évalués à 1,7 M€, augmentant la valeur du bâtiment acheté, pour une dépense de seulement 765 605 € correspondant au remboursement de la seule partie ville du marché public suscité.
7 ans après, en 2017, Culturespaces revendait le splendide Hôtel de Caumont à Groupama Gan pour un montant de 25,4 M€. La filiale de GDF Suez affirmant avoir investi 13 M€ dans la rénovation, tout à fait remarquable, du bâtiment et des jardins. C’est donc un bénéfice de 2,4 M€qu’empochait Culturespaces si on se fie aux éléments communiqués.
Mais les montants de la restauration n’ont jamais été justifiés par la présentation d’éléments comptables. Et c’est très probablement un bénéfice bien supérieur qu’a réalisé l’opérateur culturel. En se basant sur la réalité du marché initial estimé à 4 M€ et qui a quasiment doublé pour sa partie publique ce sont plutôt 8 M€ qu’a dû débourser Culturespace que 13. Et sans doute faut-il déduire à ces sommes les 700 000 € d’argent public (DRAC & CPA) qui ne seront jamais remboursés.
A l’heure où vous vous apprêtez à faire un nouveau, comment dirais-je, un nouveau « don » de quelques 40 000 € à l’acquéreur du collège et ce après avoir déjà allégé, la facture de la société de plus d’un million d’€ comment ne pas s’étonner qu’on ne cherche même pas à éviter la partie de Monopoly réalisée sur l’Hôtel de Caumont ? Comment ne pas s’interroger cette nouvelle « ristourne », qui nous éloigne encore de l’avis des domaines, dans une vente non publique, de gré à gré, et dans un contexte où la chambre régionale des comptes parle « d’errements » en matière de gestion immobilière de la ville ?
En renonçant à la cause d’inaliénabilité vous renoncez également, et je veux insister sur ce point, à ce que l’acquéreur actuel spécule, à la revente, sur un bien cédé nettement en dessous de sa valeur estimée. Vous permettez, de facto et vous l’actez même en disant je vous cite « la cession éventuelle du bien ne se révèlerait pas pénalisante », à une entreprise privée de réaliser, à partir de l’argent public, un bénéfice considérable.
Si ce n’est, peut-être, pas juridiquement condamnable c’est moralement, socialement totalement inacceptable de permettre à ceux qu’il faut bien aussi appeler des spéculateurs de s’enrichir, à coups de M€, qui iront dans les poches d’actionnaires qui n’ont pas besoin de notre argent public pour vivre alors que 70% de la population est éligible au logement social, alors que bien trop de nos concitoyennes et concitoyens sont rongés par l’angoisse de la fin de mois.
Certes vous allez me répondre que ce qui est important c’est la pérennité du projet muséal. Mais si c’est bien là-dessus que votre projet de compromis se propose d’insister vous me permettrez de trouver qu’il rate quelque peu sa cible. Sans être spécialiste du droit, loin s’en faut, je trouve tout de même bien légers les exposés du projet portant sur l’activité muséale stipulés dans l’article 8 du projet de compromis.
Pour terminer je souhaite lever toute ambiguïté en répondant à 4 questions. Est-ce qu’un musée Picasso est une bonne chose pour notre cité, est ce que cet immense artiste international grand admirateur de Cézanne doit avoir sa place dans notre ville ? La réponse ne peut être que positive éminemment positive.
Devrait-on pour autant valider les conditions de la vente sans la contextualiser et en négligeant que le modèle économique du projet, qui repose un demi-million de visiteurs par an, interroge sur sa surévaluation quand on sait que De Caumont dont le projet muséal est une réussite y compris à l’international n’en accueille que 300 000 ? Devrait-on oublier que le collège aurait pu, en renforçant la fonction judiciaire et l’Histoire du quartier comtal, accueillir une maison de la justice et du droit ? La réponse ne peut être que négative éminemment négative.
Oui, trois fois oui, à un musée Picasso à Aix-en-Provence mais pas forcément là et surtout, surtout pas comme ça !